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Manifeste
Hors commerce
Brûlot fluo d’une acuité - visuelle et littéraire - percutante, critique du carnaval graphique de nos espaces urbains.
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Qu’est-ce que lire en ces années au chiffre informulable, en ces journées mondiales de la fin du monde, où les mots semblent moins écrits que tatoués sur ce que toute la gamme commerciale compte de supports, où l’on voit vocables et syllabes migrer sur toutes sortes d’objets, bref où la force de frappe du marketing semble prendre la lettre pour cible ? Des lettres se baladent, plutôt se ballottent sur des emballages et autres objets à teneur nulle, brimbalent dans l’ordre présumé de mots, ou comme pour en agencer l’illusion, le semblant. Faux semblant, mot-semblant. Être écrit en toutes lettres est devenu la décoration ultime, le nec plus ultra du design créatif. Près d’un siècle plus tôt, Benjamin constatait déjà que l’écriture "qui avait trouvé un asile dans le livre imprimé, où elle menait sa vie indépendante, était impitoyablement traînée dans la rue par les publicités et soumise aux hétéronomies brutales du chaos économique".
LIRE PLUSOr il semble désormais que c’est la plus petite unité de l’écriture qui se trouve mise à mal, la lettre, et avec elle les fondements mêmes de la lecture. Les lettres s’aplanissent, perdent leur mystère, désamorcent ce "soupçon" d’invisible que Mallarmé percevait de leur "miroitement, en dessous, peu séparable de la surface concédée à la rétine". Des alphabets en farandole colorée sur des saladiers, des mots en frise graphique sur des bols, des coquetiers, en vrac minimaliste sur des boîtes lumineuses, sur des caissons led proprement "untit-led". Paris, tout le Marais recouvert de signes.
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