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- Il faut toujours garder en tête une formule magique
- Quand j'étais petite
- Toute Résurrection commence par les pieds
- Acrobaties dessinées
- Qu'un bref regard sous le calme des cieux
- DQ/HK
- Elles en chambre
- Sanza lettere
- Mémoires des failles
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- J'ai conjugué ce verbe pour marcher sur ton cœur
- Centre épique
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Course-poursuite énigmatique
Un basculement intime se produit au moment d’un basculement politique. La narratrice prend la route, rencontre des réfugiés dans une forêt de l’Aude, un voleur de bateau en Méditerranée, une infirmière peu conforme et des squatteurs à Besançon. C’est ça : la narratrice tente de se frotter au monde, de le rencontrer – mais voilà, cela semble vain. Restent les étapes nommées, les Gertrude Stein, Dashiell Hammet, Pere Gimferrer, Jean-Patrick Manchette et Virgile. C’est un road movie, une fuite… Une fille, la narratrice a bel et bien l’impression qu’elle fuit un crime qu’elle a commis et oublié, un corps gît au centre d’une pièce.
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on avait perdu un mot dans les sous-sols, impossible de traverser, le couloir retient toute une généalogie, les uns piétinent les autres dans un espace qui ne s’élargit pas sous la pression des corps, prenant appui sur les genoux et les fesses on cherche l’air en surface cogne au plafond et de corps en corps va jusqu’à ma mort Elle est venue ma mort je ne dis pas ça à cause d’un printemps mais après un trop plein de printemps, de saisons, après une impression sordide, un changement de genre et de cap Transformons les corps entassés dans le hall en lettres Évaporons-nous en récits disais-je Passons par le trou de la serrure mais personne n’y arrivait
LIRE PLUSd’autant que le désir de liberté lui-même mourait ; m’agrippant je cherchais dans le hall une idée pour survivre ; il semblait plus que tout autre chose dégueulasse mon élan de survivre ; je m’agrippais à la dégueulasserie c’est-à-dire que malgré la mort qui me fonçait dessus je tenais les rênes
j’avais dans l’idée une mort parfaite parfaitement déboîtée. Tout ce qu’on n’imagine pas couler comme humeurs sur un sol de briquettes rouges coulait et collait, parfait. Je luttais c’est bien ça et pas un fichu poète pour m’aider à récupérer le tout, le porter une fois de plus, le tout, avec des mots du genre : tu vas voir comment ça se passe comment c’est doux et triste mais triste d’une façon attachante, de revenir à vivre
pour ce qui est de la sexualité j’ai été débordée, contre un miroir j’ai jeté mon verre puis quelqu’un gisait féminin sur le sol de briquettes bras en croix le sang en jet puissant surgissait de la blessure au front grosse comme une pièce de vingt centimes, on aurait dit le trou d’une balle, je ne me suis pas retournée, la Peugeot Faut qu’elle roule avait dit Delphine, il est 6 heures du matin et je roule en morte que je suis
(le tombeau était magnifique, de marbre et labyrinthique, chaque pièce doublée d’une autre attenante et semblable quoique grise quand l’autre lumineuse)
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Joachim Sené dans Remue.net a écrit:Il y a dans l’œuvre de Marie Cosnay une continuité remarquable, au point que chaque livre reprend souvent, discrètement, des détails du précédent.
Blog dans Litténerante a écrit:"c’est un road movie et retour, rare forme du genre, comme un circuit automobile, tout en étant drame et donc unités de lieux, il faudrait ajouter le passages aux actes il y a aussi : un chat dédoublé ; un chat seul ou chat mème, un chat miroir sans miroir, comme de Schröndinger, chat et non-chat, sœur et non-sœur, meurtre et pas de meurtre, arme du crime ou pas, les pistes sont quantiques mais la Peugeot est rouge et le livre extraordinaire de concis et de force, de rythme, toute la poésie le berce et trace sa route, avec ces drames antiques qui sont nos nouveaux polars, et l’urgence de tout ça dans cette forme qui prend à la gorge comme autant de plans frénétiques d’un David Lynch sous acide"
Sanza Lettere, c’est un livre à mi chemin entre roman d’aventure et poésie introspective et militante. L’écriture est très particulière, ce qui demande un effort de lecture pour plonger dans l’histoire, certes, mais lui donne aussi une dimension plus puissante. Le livre est composé en paragraphes, souvent courts et avec très peu de ponctuations, voir aucune. On lit alors d’un seul souffle, avec rapidité, à la manière justement d’un road movie. Au début des paragraphes, pas de majuscule, et à la fin pas de point ; rien ne commence ni ne s’arrête, à la manière d’une longue route que l’on suit et qui revient, peut être, toujours à son point de départ. Des phrases qui n’en sont pas, sans verbe, parfois un mot sans contexte. Mais on prend très vite le fil et il y a une intrigue qui tient notre curiosité nous fait tenir ce rythme endiablé sur les routes.