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Archéologie du toon
Dans Ralentir Spider se dresse une archéologie du toon, à travers une typologie de personnages issus de l’entertainment. Spiderman est une figure générique raccourcie en Spider pour évoquer le terme anglais speed, speeder : vitesse accélérée. Entre addiction et aliénation, le monde virtuel imprègne l’imaginaire d’un adolescent, et produit d’autres modes d’exploration. Une collusion se produit entre ce monde artificiel et la réalité que l’on perçoit par bribes documentaires.
Les aventures des toons correspondent
aux restes de nos actions,
les choses que nous n’aimons plus,
que nous trouvons inutiles.
Nous recyclons en toon ce qui ne fonctionne plus, rendons vivant ce qui est mort.
Je veux décrire les ravages d’un essai nucléaire, des oscillations qui n’emballent que moi.
Si je veux, je dessine des horreurs en direct.
Quelqu’un se jette dans le vide
qui pourrait être moi
ou un toon féminin flanqué de son homologue.
Chaque monstre est accouplé d’un autre monstre, en plus petit.
Je cherche une flore et une faune, impossible,
derrière le hublot mon cou s’allonge, maigre,
je vais piquer le sol.
Au stade liquide des catastrophes, je suis puissant, à dix mille mètres d’altitude, pas déçu.
Sans pilote, il n’y a plus rien.
Jamais une femme ne pourrait conduire un
engin pareil.
Une cagoule pourrait débarquer dans l’ombre
en représailles,
une cagoule pointue, un géant,
le pistolet au bout.
«Les aventures des toons correspondent / aux restes de nos actions, / les choses que nous n'aimons plus, / que nous trouvons inutiles. / Nous recyclons en toon ce qui ne fonctionne plus, / rendons vivant ce qui est mort.» Une exploration du monde des héros de BD et jeux vidéo, […] en ce qu’ils déterminent notre imaginaire et nos sens car «quand je lis Rahan, c’est comme si on me caressait la tête (comme ça)». Mais c’est aussi un manuel de vie moderne («Si mon affreux déprime, je lui enlève sa cape, / il tombe, je le remonte») et une mise à l’essai des nouvelles formes de mémoire et de jeux : «Comment raconter une histoire aujourd'hui? […] Sur Homme qui meurt, je tombe sur un genre, une tendance. / je clique, et hors de ma peau, je ne sens rien»
(Libération du 4 janvier 2009)