par
Poétique zavatienne
Ce qu’il y a de bien avec Nathalie Quintane, c’est qu’elle n’est jamais là où on aurait pu croire la classer. Classer est un mal français que certains trouvent «pratique», alors qu’il me semble, tout au contraire, opacifier le monde. Heureusement donc, Nathalie Quintane fait fi de ces sornettes et ne s’occupe que de son travail. Ce petit livre est un ensemble de 36 Pouchkines «de poétique zavatiennes [qui] se double d’un panorama codé de la poésie contemporaine, car la série Pouchkines est également une série à clés», nous dit l’auteur. On pourra s’amuser à trouver les allusions diverses au mundillo de la poésie contemporaine. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce joli petit livre est simplement une preuve supplémentaire de l’importance claire de Nathalie Quintane dans le champ poétique contemporain.
Mon Pouchkine n°1
Un idiot neutre n’est pas toujours un artiste
pensa-t-il, en glissant une fois de plus de son siège
(Pouchkine lui-même avait du mal à se tenir sur une chaise*)
Oui, faisons des propositions! dit-il
la nuque encore rouge. Elle avait tapé contre le samovar.
– Mais la proposition, en tant que ligne
strictement délimitée, est un vers, dit un ami
en se grattant. Et son bonnet se déplaçait.
Décidément quel désastre! encore un jour
sans une idée (a day = an idea) Et quelle poésie,
mais quelle poésie, pour 1835 ?
Là-dessus, Pouchkine remit ses caoutchoucs
(la neige tombait)
*selon Harms