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Carnet de voyages multidimensionnels
Une odyssée vers le sud, vers l’Italie, le «grand tour» d’Alain Robinet, qui est peintre autant qu’écrivain. Il invente le mot «vidéalité», vie idéale, état de la vision, réalité de l’œil… et s’empare du lecteur dans une road-story assemblant comme dans un mille-feuille l’avancée du trajet et les contre-avancées du souvenir. L’histoire serpente; toutes sortes de cartes se déplient; l’auteur dialogue avec son destin et fait le guide; bifurcations topographiques et rappels littéraires, artistiques, cinématographiques, tout cela s’imbriquant dans une pensée qui s’écrit à grande vitesse, parcours initiatique, itinéraire réitérant la grande histoire, sans début ni fin, de soi.
(Christian Arthaud, CCP n°8)
................. une muraille de peinture, abstraite, d’où ne dépasse qu’un pied, celui de La Belle Noiseuse. À ce point fascinant. Car restes & prémisses, hantant & heurtant de son branle. De relais en ricochets, de trébuchements, de bifurcations en dérives, comme les méandres d’une anamnèse, jusqu’à remonter à ce qui serait un commencement ................. Ou ainsi qu'en rêve, à San Giorgio Maggiore, lors d'un de tes passages à Venise, il te semble avoir entendu, emplissant l'édifice par volutes, puis culminant, plus dense, jusqu'à un sublime désespéré, la note tenue, tendue par le souffle & la trompette de Miles Davis ................. C'était un matin blême & emblématique d'une autre existence, précédant celle qui s'inaugura ce matin-ci. Tu avais, alors, imaginé un autre voyage, en solitaire ................
LIRE PLUSUn itinéraire qui, partant de Venise, remontait à Vicence où le Théâtre Olympique semblait aimanter ta démarche, fixer ton errance ou ta quête suivant la ligne serpentine du Gran Canal, puis la Brenta (bien que tu saches que ce fleuve ne mène pas à Vicence) parmi ces domaines terraqueux – quelques séquences d'Apocalypse Now de Coppola, associées à certaines de Délivrance (J. Boorman) te reviennent en mémoire, qui filment la remontée initiatique d'un fleuve menant la guerre du Vietnam jusqu'au temple secret d'un archaïsme, toujours là, nu, ................. C'est l'architecte Palladio qui, par sa pensée et son ventre, va établir l'idée d'un arc incandescent, d'un trajet, d'un tracé, sur le rythme d'un boogie-woogie dont les plans trop figés par Mondrian vont s'animer, portés par les particules dansantes de l'air, ou selon le continuum pulsatile d'un gamelan balinais déclinant toutes les gammes des ocres. Âcres échos cascadés de la lagune qui se répercutent en points fascinants jusqu'à se perdre, & se rassembler sur le pavement de la place St-Marc .................
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