par
- La route est partout
- Il faut toujours garder en tête une formule magique
- Quand j'étais petite
- Toute Résurrection commence par les pieds
- Acrobaties dessinées
- Qu'un bref regard sous le calme des cieux
- DQ/HK
- Elles en chambre
- Sanza lettere
- Mémoires des failles
- Laissez-passer
- Décor Daguerre
- Colloque des télépathes
- Paysage zéro
- Nous ne sommes pas des héros
- Le pas-comme-si des choses
- La revanche des personnes secondaires
- Des espèces de dissolution
- Monde de seconde main
- Cinéma de l'affect
- J'ai conjugué ce verbe pour marcher sur ton cœur
- Centre épique
- La geste permanente de Gentil-Cœur
- Payvagues
- Discographie
- 365+1
Délicieuses méchancetés
La vie, comme la fiction, comporte son lot de personnages secondaires. Êtres voués au silence, à l’effacement, voire au dédain et aux insultes, certains trouvent le courage de s’insurger contre leur condition. De Chicago à Fontenay-sous-Bois en passant par le Mexique, des années 50 au futur proche, domestique moderne, femme trompée, adolescent mal dans sa peau, sœur invisible, vieillard méprisé, jeune femme harcelée, ils sont déterminés à sortir de l’ombre. Qu’ils soient devenus célèbres ou non dans la vraie vie, cette série de nouvelles en douche écossaise, percutantes, corrosives, militantes, leur offre à tous une revanche.
Tu t’es endormie en un coup de seringue, avec la conviction heureuse que tu allais te débarrasser de moi. Le chirurgien s’est paré de ses beaux vêtements bleus, de ses gants lustrés et de son masque. Il est déterminé à te décharger de ce qu’il nomme ta tumeur maline. Pour lui, c’est l’évidence. Cancer = danger vital = extraction immédiate. Bientôt, il me séparera de toi.
Je me suis mal comportée. Mais aurais-tu réagi plus noblement ? Au début, nous étions aussi dérisoires l’une que l’autre. Papa – j’ose lui donner ce nom – s’est glissé dans maman et le hasard a conduit un de ses spermatozoïdes à faire la connaissance d’un ovocyte. Nous venons toutes deux de cet œuf. Je sais, c’est dégueulasse. Le cocktail de leurs gênes a produit deux débuts d’enfants asexués et sans organes – nous. Par un curieux phénomène, au lieu de prendre mon autonomie, je me suis mêlée à toi.
REGROUPER
Jean-Philippe Cazier dans Diacritik a écrit:EN HAUT DE LA PILE
////////////////////////
Nouvelles - Les seconds rôles se rebiffent
Qu'est-ce qu’un personnage secondaire ? On le voit bien quand il en existe de “principaux”, assez consistants pour tenir les premiers rôles. À l'arrière-plan, domestiques au garde-à-vous, étudiants dans les amphis, comateux à deux doigts de la fin de vie ou tout simplement personnes sans signes particuliers, ils ne traversent les oeuvres que comme accessoires, à peine animés. On ne se demande jamais s'ils s'en contentent, s'ils en souffrent, s’ils aspirent à autre chose.
Pour Isabelle Zribi, c'est clair, ils veulent une revanche. Elle va la leur offrir. Point de malentendu : il ne s'agit pas d'en faire des personnages principaux, comme la Félicité d'Un coeur simple de Flaubert ou le Joseph Roulin de Pierre Michon.
Loin d’être une collection de “vies minuscules”, ce recueil de nouvelles - un genre qui a bien besoin d’une revanche - est bien une galerie de batailles, celles qu'ils mènent, avec cruauté, contre la vie et les gens. Une méchante et délectable lecture de début d'année.
Karen Cayrat dans Pro/p(r)ose Magazine a écrit:"La revanche des personnes secondaires est un livre sans doute très méchant pour le Medef, la Manif pour tous ou Emmanuel Macron. C’est en tout cas un livre de guérilla politique, une sorte de petit traité d’anarchie."
Laurent Gourlay dans BLOG a écrit:"En ce mois de janvier, c’est un ouvrage à la fois enthousiasmant, mordant et féroce que livre Isabelle Zribi. Une ode à l’affirmation de soi, une ode à la différence qui, pétrie d’engagement, nous enjoint à tourner nos doutes en panache, des pages que Pro/p(r)ose Magazine avait à cœur de porter."
Stéphane Guillaume dans Le Chirurgien Dentiste de France N° 1833-34 février 2019 a écrit:"Ces treize courts récits, au style vif et tranchant, distillent une atmosphère inquiétante et drôle. Un recueil de nouvelles, comme autant d’actes de renaissances, à l’humour cruel et incisif."
Eric Loret dans Le monde des livres du 12.04.19 a écrit:"Où vont les invisibles, les ternes, les sans relief ? Ces femmes et ces hommes que l’on croise, mais qu’on ne regarde pas. Voués pour toujours à l’ombre, à l’oubli, voire au mépris, les voilà condamnés à traverser nos vies comme des ectoplasmes : « Cette présomption d’insignifiance ne se renverse pas. C’est définitif. » Mais méfiez-vous, nous susurre Isabelle Zribi, quand ces pâles figures se rebellent, cela peut faire mal. Et même très mal parfois.
La Revanche des personnes secondaires, son dernier livre, est une suite d’histoires de révoltes. Un garçon mal dans sa peau se transforme en diva underground et trash, une jeune fille fait payer très chèrement aux hommes leurs harcèlements, un grand-père délaissé se fait passer pour l’homme le plus vieux du monde… Les héros de ces fables amorales et grinçantes sont d’abord les victimes de leur apparence.
Mais ce sont aussi les éléments perturbateurs qui viennent brouiller l’ordre établi. Ils semblaient médiocres, si peu visibles ; ils deviennent soudain étranges et envahissants.
Des rôles s’inversent, des masques tombent, des humiliés relèvent la tête. Et leurs représailles inattendues, joyeusement méchantes, sont à la hauteur des humiliations subies. Isabelle Zribi est avocate et romancière. La Revanche des personnes secondaires est son quatrième ouvrage.
Ces treize courts récits, au style vif et tranchant, distillent une atmosphère inquiétante et drôle. Un recueil de nouvelles, comme autant d’actes de renaissance, à l’humour cruel et incisif.
Guillaume Richez dans LES IMPOSTEURS a écrit:Les narrateurs de ces treize nouvelles sont motivés, comme le titre ne l'annonce pas tout à fait, par un désir de vengeance, qui va parfois jusqu'à la torture. Ces femmes et ces hommes décrivent d'abord l'ordinaire du mépris où les tiennent les autres, souvent sur un ton d'humour glacial : « Je suis d'abord bouleversée d'apprendre qu'elle n'est pas réticente à la sexualité en général mais à coucher avec moi en particulier. » Puis ils retournent le bâton si l'on ose dire, tout en vérifiant avec le Baudelaire du Spleen de Paris qu'il y a « si peu d'amusements qui ne soient pas coupables ». Les leurs sont ubuesques, sanglants, s'enflent par l'agacement de la langue jusqu'au délire : le héros de la dernière histoire, « Le clodo du troisième étage », est d'ailleurs Henry Darger (1892-1973), le peintre brut inventeur des inquiétantes et androgynes Vivian Girls. Le style de ces textes répond à peu près à cette remarque d'un personnage : « Il me fixe, cherchant une réponse dans mes traits. Mais le visage n'est pas une notice explicative. » E. Lo.
Dans les treize textes qui composent ce recueil, Isabelle Zribi décrit d’abord le mépris et les humiliations que subissent ses personnages, féminins ou masculins, parfois avec un humour à froid qui fait mouche. Puis la situation bascule.