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Interrogatoire multipiste
Frédéric Léal poursuit son travail de compression des événements passés par le filtre de personnages invisibles, qui le rapproche finalement assez du théâtre : récit avec sur-importance des dialogues, mais textes et didascalies fondus, croqués typographiquement (corps, style…), placés sur chaque page aménagée en scène – fond physique et sonore travaillé comme tapisserie, sol vertical meuble, terroir à x fonds… Ici un commissariat (d’exposition des faits) où s’enregistrent plaintes diverses dont tag de cabane de jardin + vol de voiture + … + attentat du 11 septembre… Espace clos où se développe une polyphonie rythmée par le tap tap tap des machines à écrire les dépositions (c’est cela : les événements sonores se déposent).
(David Lespiau, CCP n°11)
Chaque livre de Fred Léal est une nouvelle aventure de et dans la langue. Une polyphonie inattendue et joueuse. (…) Fred rencontre la police au commissariat. Pourquoi est-il là Fred ? Il s'est fait voler sa voiture ? Non c'est Gérard ! Arrêtez de crier je ne comprends plus rien, mais qui est qui, qui s'est fait cabosser sa voiture, qui a dit ma femme est partie, qui en a entendu des conneries, qui a lancé des avions sur les tours (« nous au moins, avec l'échoppe, on risque rien !»), qui, mais qui ? C'est Frédéric Léal, écrivain quand il n'est pas docteur. Tout ça et plein d'autres choses, d'autres voix, d'autres voies, se percutent, s'évitent, se superposent, et enfin, restituées, donnent corps à une littérature résolument personnelle. Mister Fred nous donne donc là (…) une vraie cacophonie et une sacrée puissance de frappe. C'est absolument nouveau, absolument ancien, absolument fugitif, absolument poilant, absolument à lire, maintenant.