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Carnet d'adresses spatio-temporel
Inventaire littéraire d’adresses plus ou moins habitées, entre projection, rêverie et documentaire. Adresses d’hier ou d’aujourd’hui, personnelles ou empruntées, adresses temporaires de vie et d’écriture, Domiciles fantômes rouvre la porte de ces appartements, de ces maisons. Que se cache-t-il sous les numéros et les noms des rues, quels fantômes ressurgissent par le pouvoir des mots ? Les récits et la fiction s’engouffrent, la poésie aussi. On trouvera également des adresses rêvées, des adresses d’autres auteurs et artistes. Revisités à travers le prisme d’un imaginaire nourri d’histoire et de lectures, les lieux deviennent sources de micro-fictions et lancent des passerelles entre passé et présent.
Avec une préface de Eduardo Berti.
Lecture d'un extrait par l'autrice
Artistes de couverture :
Thématiques :
Un jour, aveuglé par le soleil sur la mer, par-delà la gare où j’atterris un soir presque par hasard, pour le son du mot doux à l’oreille, pour ses consonnes glissantes, pour sa présence dans un roman espagnol lu il y a bien des années, je me prends à rechercher l’adresse du personnage romanesque qui y logea. Je me retrouve dans une impasse, à l’époque, dans cette station balnéaire où il semble improbable de rester plus d’un été, à la suite d’un exil si chaotique qu’il me paraît impossible de me fixer où que ce soit.
LIRE PLUSAlors tous les jours, au lever du soleil, je contemple la mer Méditerranée, sans jamais m’en lasser, pour me perdre dans le bleu, jusqu’à la pointe de la Vierge, le rocher dans la baie. Je me réjouis de cette confrontation entre laideur domestique et immensité, de ce hiatus entre la splendeur de la mer et la haie d’immeubles disgracieux qui la borde, je respire son odeur de crème solaire, fasciné par ses campings et ses discothèques, ses touristes semblables à tous les autres, et pourtant tous singuliers.
REGROUPERChloé Maze dans L'actualité à Bordeaux a écrit:Dans « Espèces d’espaces », Georges Perec dressait un inventaire de toutes les chambres dans lesquelles il a dormi, c’est peu ou prou le programme de Laurence de la Fuente : à une adresse sont associés un texte en prose et un poème. Ces lieux sont ceux qu’elle a habités, ceux où elle a séjourné lors de tournées théâtrales, ceux enfin qu’elle a fait siens pour les avoir lus chez d’autres écrivains. « Domiciles fantômes » est un autoportrait en creux (nous finissons par ressembler aux lieux où nous vivons autant qu’ils finissent par nous ressembler), sensible, politique, littéraire (la toute première adresse est liée à Kafka), une façon de se raconter, de questionner ce qu’habiter veut dire et d’écouter, au cœur de la nuit, les voix fantomatiques de celles et ceux qui nous ont précédés sous le même toit.
Nathalie André dans ALCA a écrit:Cette virginité semble être finalement l’obsession suivie par l’auteure. En déménageant et en emménageant sans cesse, il y a toujours un renouveau, un premier jour. Comme si le fait de plier bagages et d’établir ailleurs ses pénates pouvait conjurer la vieillesse et la mort. Car qu’est-ce qu’un fantôme, sinon un esprit qui refuse de s’éteindre ? Un fantôme est un être qui a accédé à une forme d’immortalité.
Entrer dans Domiciles fantômes, c’est se retrouver arrimé aux meilleurs compagnonnages littéraires. Celui, tout d’abord, de l’écriture des listes et des inventaires pratiquée par les Oulipiens en général et par Georges Perec en particulier, notamment avec la parution en avril dernier, aux éditions du Seuil, de Lieux2, le projet d’écriture que ce dernier a mené pendant 12 ans sur 12 lieux parisiens attachés à son histoire personnelle. Domiciles fantômes, on y reviendra, y chemine en parallèle.