par
Embrayeur virtuel
Ça se joue à la syllabe près, ici comme embrayeur virtuel qui multiplie les lectures, donc à travers l’invention d’une forme qui inclurait ses propres débordements pour mieux la sentir vivante jusque dans son pourrissement plus ou moins enchanteur – autrement dit, histoire « de réjouir mais aussi de défaire une stabilité ». (Ronald Klapka)
Bou
clé ouvrant sur
le vide tourne s’agrège au reste c’est une méthode de ramassage qui disperse en simultané
le versement s’effectue à chaque lettre à géométrie variable
du rouleau qui pousse
à bout portant au-delà de tout l’étrangeté se déclenche en semi-automatique
#
Sans
arrêt au terminus en fait chacun poursuit son chemin
idiot qui passerait la nuit au dépôt quoique
expérience rare comme regarder longtemps à l’intérieur de sa bouche
gouffre où l’on est déjà tombé jusqu’aux oreilles
s’en rendre compte est préférable
Henri Droguet dans Blog Campion a écrit:Lire l’oblique, lire d’oblique : la couverture opère un premier glissement — il y en aura d’autres (de sens, de sons, d’évidences) — qui disjoint le déterminant et son nom désalignés/désaliénés. Oui, il se trouvera des figures, mais nous sommes prévenus : elles ne seront pas là où on les attend, et le regard devra travailler à les reconstituer ou à les imaginer, à la manière d’un puzzle dont une pièce échappée persisterait à relancer par sa marginalité notre curiosité. (...)
(Poézibao, 9 juin 2011)
Fabrice Thumerel dans Libr-critique a écrit:Bruno Fern a intitulé son quatrième recueil de poèmes : Des figures. Ce titre a un air raidement programmatique. Quelques lignes de Ronald Klapka en page 4 de couverture présentent la contrainte, ou le dispositif formel sur lequel sont construits tous les textes du recueil sauf le dernier. Un monosyllabe (qui peut avoir une signification: là, sans, As, Des, etc., ou pas : Ef, Bou, Per, Ab…) arbitrairement choisi par l'auteur (le lecteur n'en sait rien) fait, en tête de texte, fonction d'embrayeur sur lequel viennent se greffer la plupart des vers qui s'ensuivent et s'enchaînent plus ou moins les uns aux autres. De là un effet de démultiplication presque illimitée du texte, le lecteur en effet embrayera ou pas, développera ou pas toutes les combinaisons possibles du système ; ça vous a un côté Cent mille milliards de poèmes… (…)
(site À la littérature…, pages personnelles de Pierre Campion, 10 juin 2011)
Christophe Kantcheff dans POLITIS a écrit:Avec Des Figures, Bruno Fern ne nous propose évidemment pas un manuel de rhétorique, mais un exercice formel – et non formaliste –, un jeu de formes que l’on pourrait situer en droite ligne de l’Oulipo ou de Pierre Alferi. Ce faisant, il nous emmène dans la "cuis / son du poème qui démultiplie les saveurs" (p. 21). (…)
(Libr-critique, 14 septembre 2011)
Jacques Josse dans Blog a écrit:Voilà un livre qui, à la syllabe près, amène à se poser deux questions essentielles : Comment dois-je lire ? Que suis-je en train de lire ? Et qui n’est pas pur formalisme : en fonction de ce que le lecteur décide, et selon la phrase qui se forme, une couleur, un sentiment, un sourire s’impriment en lui.
Mêlant expressions usuelles, citations de poètes (Apollinaire, Zanzotto, Mallarmé...) et infos entendues au coin d’un trottoir, au hasard d’une revue de presse ou lors d’une conversation privée, Bruno Fern met assez d’humour et de distance entre lui (et les autres) et ses poèmes pour que ceux-ci, grâce à la contrainte qu’il s’est donné, jouent en permanence à l’élastique entre tension et relâchement, restant à hauteur de la réalité et du quotidien, y compris quand ils les saisit à ras de terre. Il agit de même envers la poésie en ne la plaçant jamais sur un piédestal. Son rôle est ailleurs. Plus en bas, dans le vif, avec les anonymes. Qu’il côtoie, qu’il écoute et dont il raccorde les propos avec justesse et légèreté, glissant en un éclair du versant ludique à l’aspect sérieux d’un petit monde que tout un chacun s’évertue à organiser (question d’équilibre) autour de soi.