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Dépouilles

par Éric Pessan

Couverture d’ouvrage : Dépouilles
Fiche technique :Prix: 16,00 €
ISBN : 978-2-36242-017-7
Taille : 15,50 x 21,00 cm
Pages : 148

Comédie polyphonique funèbre
Avec le soutien du Centre National du Livre

Voici un texte polyphonique, narratif, centré sur une situation particulière : l’instant de la présentation du mort dans les funérariums, souvent l’occasion de retrouvailles, d’évitements, d’expression des regrets comme d’étouffement des rancœurs. Né de cette situation extrêmement précise et codifiée, théâtralisée, Dépouilles est un chant non dénué d'humour, un enchevêtrement de paroles qui construit une recherche poétique : ces paroles, ces mots, ces phrases, foisonnantes, contradictoires, souvent toutes faites, forment le corps du texte.

Lecture d'un extrait par l'auteur

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Extrait :

7 - Solo

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pour ceux qui se refusent à lire une prière, la poésie offre une intéressante voie médiane. Spirituelle sans être prosélyte ou dogmatique, la poésie permet de lutter efficacement contre le silence. Les organismes de pompes funèbres l’ont compris qui distribuent gracieusement de petites anthologies où l’athée pourra puiser quelques paroles de réconfort. Le choix est laissé entre une bonne douzaine de poètes où l’on reconnaîtra les noms de Victor Hugo, Claude Roy ou Paul Eluard. Certains entrepreneurs vont plus loin et proposent de véritables poèmes inédits à compléter soi-même. Des blancs dans les vers permettent de personnaliser chaque lecture. Ces poèmes-là usent d’images apaisées, la douleur rime avec la douceur, la grandeur s’ouvre du plus profond de nos cœurs. L’ange voltige comme une mésange. Il est également question de temps qui passe et d’années qui s’effacent. Tutoyé à chaque vers, le défunt demeurera à jamais à nos côtés.
Il convient de s’entraîner au moins une fois à la lecture de ces poèmes afin de ne pas buter sur un mot lors de l’ultime cérémonie. Une fois les espaces laissés en blancs complétés, il convient également de s’assurer que l’on a accordé les adjectifs au sexe du défunt. C’est très facile mais cela nécessite un minimum d’attention.
Pour toi (insérer ici le prénom du défunt) qui fut notre attentif(tive) compagnon(gne) ; etc…
Ces plaquettes sont sévèrement copyrightées et réservées au strict usage des obsèques. Leurs auteurs anonymes ne se sont pas gênés pour chaparder quelques bonnes idées à des ouvrages antérieurs. Ainsi, le vers libre débutant par « Je me souviens » demeure un classique du genre.
Je me souviens de tes cheveux (insérer ici la couleur des cheveux du défunt), de tes yeux (insérer ici la couleur des yeux du défunt) et de ton sourire radieux.
Lu d’une voix ferme ou tremblante, le poème, que personne n’écoutera réellement, contribuera par son étrangeté lexicale à renforcer la sensation de communion et de recueillement. Il est de bon ton d’élargir, dans les derniers vers, le propos strictement personnel de la récitation pour délivrer un message plus universel.
Ainsi, la vie qui fut soufflée comme une chandelle peut augurer d’une terre devenue fraternelle

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Critiques :Benoît Loreau dans La cause littéraire a écrit:

Le silence des morts

"Éric Pessan est auteur de romans, de pièces de théâtre, de fictions radiophoniques et de poésie. Aussi il n’est pas surprenant de percevoir ce nouveau roman au croisement des genres, des univers. Dépouilles est une œuvre polyphonique, bruyante, dans laquelle l’auteur se joue de la multiplicité des situations et des interlocuteurs. Ce carnet de notes funèbres, empreint de poésie, met en scène l’altérité, la confrontation de chacun à la dépouille, à ce corps-mort encombrant, chéri ou redouté. (…)"

Catherine Pomparat dans remue.net a écrit:

"Tout doit disparaître. Pourtant rien à solder. Ce corps ne sera plus consommé.

Lucienne s’est toujours reprochée de ne pas l’avoir embrassé une dernière fois.[17 - Chœur, p. 91]

Le cadavre, le macchabée, les restes, la dépouille, le défunt, le trépassé, le décédé, l’expiré, le succombé, l’enveloppe [9 - Chœur, p. 56], feu son père et sa mère et elle qui ne se sent pas très bien –, en un mot le mort « retomba mort, un vide se fit en elle, un long frisson la parcourut, qui l’éleva comme un ange. » (…)"

Stéphanie Joly dans Paris-ci la culture a écrit:

"Dépouilles s'ouvre sur un chapitre judicieusement nommé "décor". Ce décor, c'est celui de la chambre d'exposition des morts au funérarium. Eric Pessan a écrit un récit a plusieurs voix, tantôt distribuées en solo, en choeur, en trio. Ainsi défilent CEUX qui restent devant CE qui reste de leur parent. Soupirs contenus, indifférence, bras ballants et impatiences se relaient devant ces morts dont on se souvient parfois à peine et qu'on n'a pas réclamés.

Egoïstes, radins, parfois émus et souvent odieux, les personnages se succèdent auprès de la dépouille du défunt, sans plus de considération pour sa mémoire ou sa vie. On le ressent un peu comme cet encombrant qu'on voudrait déposer sur le trottoir un dimanche soir, avant le passage du camion. (…)"
(Extrait de l'article paru en février 2012)

Eric Dussert a écrit:

" Fruit d'une dramatique diffusée sur France-Culture, Dépouilles est le récitatif polyphonique d'un deuil avant l'inhumation. Tous y passent, depuis les pleureuses jusqu'aux fantômes, sans oublier les ayants droit dans l'attente de l'héritage et le bon ami avide de toucher sa commission sur la vente de la maison familiale, "parce que la maison ça va vite devenir un souci, non ?".
Dépouilles était l'un ders candidats au Prix de l'Humour noir 2012.
LE MATRICULE DES ANGES N° 132


À propos de l’auteur

Photo © Mélio Pessan

Né en 1970, Éric Pessan est écrivain et dramaturge, il écrit des romans, de la poésie, des récits, des textes pour la jeunesse, du théâtre, des fictions radiophoniques. Passionné d’espace, il collabore depuis 15 ans avec l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire culturel du Centre National d’Etudes Spatiales. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages où il explore ce qui le questionne, l’effraie, le scandalise ou – au contraire – lui donne la force d’avancer.
Il est membre du comité de rédaction de la web revue remue.net et de la revue Espace(s) éditée par l'observatoire de l'Espace (centre national d'Études Spatiales).
Prix NRP (Nouvelle Revue Pédagogique) de littérature jeunesse pour son roman Aussi loin que possible en 2015.
Grand Prix SGDL (Société des gens de lettres) du roman Jeunesse pour Dans la forêt de Hokkaido en 2018.

Bibliographie

Untoten, L'Attente, 2023 • Le long des fissures (avec Patricia Cartereau), l’Atelier contemporain, 2023 • Samedi (avec Christian de Massy), Patayo, 2022 • Qui verrait la Terre de loin, Fayard, 2022 • Rien dans mon enfance, L’Œil ébloui, 2022 • Le Poème de Fernando, Thierry Magnier, 2022 • Dino et la fin d'un monde, L’École des loisirs, 2021 • Teenage Riot (avec Olivier de Solminihac), L'École des loisirs, 2021 • La Gueule-du-Loup, L'École des loisirs, 2021 • Tenir debout dans la nuit, L’École des loisirs, 2020 • … ou bien, je me trompe ?, N'a qu'1 Œil, 2020 • Biji (livre aléatoire numérique), La Marelle, 2020 • Photos de famille, L’Œil ébloui, 2020 • L’homme qui voulait rentrer chez lui, L’École des loisirs, 2019 • La connaissance et l'extase, L'Attente 2018 • Quichotte, autoportrait chevaleresque, Fayard, 2018 • De si beaux uniformes, Espaces 34, 2018 • Un chagrin d’amour avec le monde entier (avec Virginie Sauvageon), Le Chemin de fer, 2017 • Dans la forêt de Hokkaido, l’École des loisirs, 2017 (Grand Prix SGDL Jeunesse) • Pebbleboy, l’École des loisirs, 2017 • La plus grande peur de ma vie, l’École des loisirs, 2017 • La Nuit du second tour, Albin Michel, 2017 • Lettre ouverte au banquier séquestré dans ma cave depuis plusieurs semaines, Éditions Le Réalgar, 2016 • Sang des glaciers, La Passe du vent, 2016 • Parfois, je dessine dans mon carnet, L'Attente, 2015 • En voie de disparition (essai), Al Dante, 2015 • La hante (avec Patricia Cartereau), L’atelier contemporain, 2015 • Aussi loin que possible (roman jeunesse), l’École des loisirs, 2015 • Cache-cache (théâtre), l’Ecole des loisirs, 2015 • Le démon avance toujours en ligne droite, Albin Michel, 2015 • Demande de remboursement des livres pour cause de non-conformité avec ce que l'on peut attendre de la littérature (hors commerce), L'Attente, 2014 • La fille aux loups (avec Frédéric Khodja), Le Chemin de fer, 2014 • Le syndrome Shéhérazade, L'Attente, 2014 • Et les lumières dansaient dans le ciel (roman jeunesse), L’École des Loisirs, 2014 • Muette, Albin Michel, 2013 • Ôter les masques, essai sur Shining de Stephen King, Cécile Defaut, 2012 • N (avec Mikaël Lafontan), Les Inaperçus, 2012 • Plus haut que les oiseaux (roman jeunesse), L’École des Loisirs, 2012 • Quelque chose de merveilleux et d'effrayant, roman jeunesse, avec Quentin Bertoux, Thierry Magnier, 2012 • Monde profond, L'atelier In-8, 2012 • Dépouilles, roman-théâtre, L'Attente, 2011 • La grande décharge, théâtre, L’Amandier, 2011 • Sexie conférencière, Derrière la salle de bains, 2011 • Croiser les méduses, L'atelier In-8, 2011 • Incident de personne, roman, Albin Michel, 2010 • Moi, je suis quand même passé, poésie, Cousu Main, 2010 • Tout doit disparaître, théâtre, Théâtre Ouvert, 2010 • La nuit de la comète, nouvelles, Cénomane, 2009 • Cela n’arrivera jamais, roman, coll. "Fiction & Cie",Seuil,  2007 • Une très très vilaine chose, roman, Robert Laffont, 2006 • Les géocroiseurs, roman, La Différence, 2004 • Chambre avec Gisant, roman, La Différence, 2002 • L’effacement du monde, roman, La Différence, 2001 réédition en poche (collection Minos-2004) /// Fictions radiophoniques La grande décharge (2011, France Culture) • La plus heureuse entre toutes les mères (2009, France Culture) - La grande enseigne (2008, France Culture) • Dépouilles (extraits) (2006, France Culture) • Demain matin, la lune (2005, France Culture) • Seuls mes yeux (2005, France Culture) • Le syndrome de Münchhausen (2004, France Culture) • La Signature (2003, France Culture)