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Quatrains bruts-lyriques
266 quatrains, autant d’antennes pour capter des ambiances et toutes sortes de messages émis par les médias et les réseaux sociaux. Que faire quand la vulnérabilité nous met à nu dans un monde semblant voué à devenir un champ de ruines ? En résistance, une réponse s’esquisse : manier l’humour, afin de renvoyer la réalité au dérisoire. Y percevoir des éclats de beauté aussi. La forme brève et frontale du quatrain reflète en décalage cette époque inquiétante, entre épidémie, crise économique et écologique, et guerres. Les rimes désamorcent la terreur pour laisser la place à une forme de jubilation et invitent le lecteur à renouer avec une certaine naïveté lucide.
Lecture d'un extrait par l'auteur
Thématiques :
NO FUTURE
À n’importe quelle heure
Du jour et de la nuit
Bienvenue dans le no future
Où tout s’autodétruit
INCANDESCENCE
Le ciel est tellement bleu
Qu’on dirait un poster
Ça en fait mal aux yeux
Ça en fait mal aux nerfs
OUT OF CONTROL
Je me fous de mon âme
Je me fous de mon corps
Sur mon compte Instagram
J’ai simulé ma mort
REC
Il faut enregistrer nos vies
Avant qu’elles ne disparaissent toutes
Dans un cambriolage inouï
Ou un reboot
Fabrice Thumerel dans LIBR-CRITIQUE GRAND ENTRETIEN a écrit:Le choix de composer ici des quatrains implique le fait d’imposer une forme stricte au désordre, à l’incendie mondial : la langue n’est pas emportée par ce qui arrive, elle le dit en lui résistant, elle le dit en créant les moyens qui permettent de continuer à dire malgré l’écroulement de tout, y compris du langage.
... Ainsi, j’aimerais qu’on sorte de la lecture de ce livre, abasourdi, sidéré et puis qu’on le relise et qu’on aperçoive cette fois, ce qu’il y a derrière les décors : le drame de nos vies ordinaires et les restes d’une liberté à laquelle nous avons renoncé par peur de la société de contrôle et de surveillance qui nous trace. Hier, j’ai reçu cette pub : « L’intelligence artificielle au service des écrivains ! » m’expliquant que ça me permettrait de comprendre instinctivement les schémas narratifs etc. Ici, c’est le mot « instinctivement » qui m’interroge et qui m’inquiète. Notre raison, notre esprit ne suffisent plus aux bots, il faut aussi qu’ils se servent (au sens de service) aussi de notre instinct c’est-à-dire de notre spontanéité et de notre intuition pour faire de nous des datas.