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- La route est partout
- Il faut toujours garder en tête une formule magique
- Quand j'étais petite
- Toute Résurrection commence par les pieds
- Acrobaties dessinées
- Qu'un bref regard sous le calme des cieux
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- Elles en chambre
- Sanza lettere
- Mémoires des failles
- Laissez-passer
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- Colloque des télépathes
- Paysage zéro
- Nous ne sommes pas des héros
- Le pas-comme-si des choses
- La revanche des personnes secondaires
- Des espèces de dissolution
- Monde de seconde main
- Cinéma de l'affect
- J'ai conjugué ce verbe pour marcher sur ton cœur
- Centre épique
- La geste permanente de Gentil-Cœur
- Payvagues
- Discographie
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Périple permanent
Une jeune joggeuse croisée dans le bassin minier du Pas-de-Calais a inspiré à Fanny Chiarello un roman et cette chanson de geste. Images, vers métrés, langue musicale, mais rien d’épique dans le propos puisqu’on y découvre comment, pendant un mois, tous les jours nombres premiers, la narratrice est allée jusqu’au parc de la jeune athlète sur un vélo en fin de carrière, observant la vie des oiseaux d’eau, subissant la météo, variant ses pique-niques, se trouvant de nouveaux spots de pipi nature, chantant et dansant cajun. La rencontre espérée se produira-t-elle ?
Lecture d'un extrait par l'autrice
Artistes de couverture :
Thématiques :
(début du prologue) :
comme toi je débute dans l’existence
encore que pas tout à fait comme toi
admettons par exemple que tu sois née
le onze septembre deux mille un j’étais
moi en un lotissement de Thumesnil
lorsque tu as pénétré dans l’atmosphère
terrestre et des avions percutaient des tours
de New York New York en boucle dedans ce
salon de pavillon parmi des millions
à moins que ce ne fût en octobre et que
ne barbotasse parmi les anableps
gros yeux près de Cayenne ayant ça y est
perdu ton innocence d’aujourd’hui puis
que j’avais jà connu l’amour et le bagne
•
Un entretien avec Sophie Joubert à La Maison de la Poésie de Paris
Sophie Joubert dans L'HUMANITÉ 20/05/21 a écrit:"C’est là peut-être que le petit vélo de Fanny Chiarello qui trace sa route, sans écraser, entre tous les réseaux subtils de signification par lesquels il nous fait passer, peut prendre figure aussi d’un art poétique en phase avec les questions d’aujourd’hui. "
Emmanuelle Jawad dans DIACRITIK a écrit:Quête du Graal dans le bassin minier
À l'origine, il y a une exposition de photos sur l'été dans le bassin minier, commandée à l'autrice par l'association Colères du présent, et l'image en
noir et blanc, parue en 2019 dans l'Humanité, , d'une jeune joggeuse s'entraînant dans un parc. Fascinée par l'inconnue qui lui rappelait sa propre adolescence, Fanny Chiarello lui a écrit une longue lettre, devenue le roman le Sel de tes yeux (l'Olivier, 2020). Elle y parlait de féminisme, d'homosexualité, de la vie en lotissement, du pouvoir libérateur de l'écriture. Reprenant un motif loin d'être épuisé, elle a enfourché son vieux vélo pour parcourir les 37 kilomètres qui la séparaient du parc Jean-Guimier de Sallaumines et a tenu pendant un mois, uniquement les Jours correspondant à des nombres premiers, une permanence poétique.
L'autrice prend à rebours les exploits héroïques des chevaliers.
Récit en vers de onze pieds, la Geste permanente de Gentil-Cœur est un road trip rythmé par la musique cajun du sud des États-Unis qu'écoute la narratrice. S'inspirant des chansons de geste du Moyen Âge, Fanny Çhiarello prend à rebours les exploits héroïques des chevaliers et détourne les codes de l'épopée guerrière, préférant la lenteur à la vitesse, l'observation patiente à l'efficacité narrative. Chevalière tatouée au crâne rasé pédalant sur une antique machine tendrement baptisée « Mon Biclou », elle s'amuse des efforts des sportifs occasionnels, détaille les jeux de balle des enfants et la composition de son pique-nique, s'émerveille des plantes et des animaux qui peuplent le parc. Long travelling où se superposent les paysages du bassin minier et ceux du pays cajun, le texte donne une impression de mouvement perpétuel, même si la narratrice, qui tient permanence comme on ferait salon, s'impose l'immobilité. Ludique et entraînante, cette chanson de geste contemporaine, qui trouve sa liberté dans les contraintes d'écriture, joue sur les sonorités - assonances, allitérations et onomatopées - et les contrastes entre le vocabulaire médiéval et la modernité technologique. À mesure que passent les jours, au gré d'une météo changeante et capricieuse, l'espoir de croiser à nouveau la jeune joggeuse s'amenuise, transformant cette quête du Graal moderne en aventure intérieure, à l'unisson de la nature.
LYVRES dans LYVRES a écrit:« Je ne sais pas ce qu’est ma langue » : entretien double avec Fanny Chiarello et Vincent Broqua
Long poème en prose, longues chevauchées sur un vieux vélo, à la recherche ou l'attente d'une jeune joggeuse croisée à deux reprises. C'est surprenant, parfois déroutant et franchement j'adore ça. Combien de livres ouvre-t-on et lit-on sans ce petit truc en plus qui surprend, qui titille, qui lutine la zone de confort sise dans le cerveau en lui disant qu'il faut se bouger un peu ? Même si je tente de lire régulièrement ce genre d'ouvrages, parfois ça marche, parfois ça marche pas. Là, ça marche formidablement.